我的叔叔于勒 中法双语对照
Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l’aumône. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit :
一个白胡子的穷老汉管我们要钱。我朋友约瑟夫·达伍朗什给了他五块。我吃了一惊。他和我说道:
— Ce misérable m’a rappelé une histoire que je vais te dire et dont le souvenir me poursuit sans cesse. La voici :
这个可怜人让我想起了一件事,这件事我一直记得,我来讲给你听吧。事情是这样的:
Ma famille, originaire du Havre, n’était pas riche. On s’en tirait, voilà tout. Le père travaillait, rentrait tard du bureau et ne gagnait pas grand-chose. J’avais deux sœurs.
我家以前在阿弗尔港,家里的条件一般,不过现在好多了。我父亲从前工作很忙,每天在单位忙活到很晚才回来,可是也没挣着几个钱。我还有两个姐姐。
Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides. Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n’existait pas, et il ne répondait rien. Je sentais sa douleur impuissante. On économisait sur tout ; on n’acceptait jamais un dîner, pour n’avoir pas à le rendre ; on achetait les provisions au rabais, les fonds de boutique. Mes sœurs faisaient leurs robes elles-mêmes et avaient de longues discussions sur le prix d’un galon qui valait quinze centimes le mètre. Notre nourriture ordinaire consistait en soupe grasse et bœuf accommodé à toutes les sauces. Cela est sain et réconfortant, paraît-il ; j’aurais préféré autre chose.