La tempête(2)

Quelques heures avant, il avait obtenu la nouvelle que le cadavre de sa femme disparue a été trouvée à une dizaine de kilomètres de sa cabane. L’infime possibilité de se retrouver avec son amour disparut alors, et sa décision fut prise après une très brève réflexion. Il décida de mourir de la même manière que sa femme, tué par la faim et le froid hivernaux.
Il marchait seul dans cette forêt qui semblait être interminable. Avec le temps, des flocons de neige tombaient du ciel, annonçait l’arrivée d’une grande tempête. Par contre, ce signe ne l’inquiéta guère, puisque le but unique de son aventure était de mourir dans la blancheur interminable. Une dizaine de minutes plus tard, emballé dans de nombreux tourbillons de flocons, il franchit la ligne que sa réserve de nourriture puisse supporter un aller-retour.

Pendant les heures qui suivirent, en marchant à travers une obscurité causée par la tempête et la neige qui l’inondait au genou, il arriva à l’endroit où il s’y était aventuré la dernière fois, symbolisant la limite de ses aventures même avec le sac remplis de vivres diverses. Il s’arrêta et s’assit sur un tronc d’arbre, puis sortit une cigarette de sa poche. Allumer une tige fine de papier avec un briquet usé est très difficile dans une tempête et ça lui a fallu davantage quelques minutes avant que le premier brin de fumée sortît de sa bouche.